Connaissance
n’est
pas
savoir,
il
y
a
dans
la
connaissance
quelque
chose
de
plus.
Ce
plus
s’éprouve
de
toutes
les
façons
possibles
et
imaginables, il ne peut être seulement défini par une culture encyclopédique se nourrissant de toutes choses. Peu de termes comme celui-ci
font
appel
à
la
fois
à
l’expérience
de
la
vie
courante
et
à
l’intériorité
philosophique
sommeillant
en
chacun
de
nous.
La
connaissance
n’est
pas
seulement
la
faculté
mentale
d’assimiler
un
contenu
objectif
ou
de
réciter
une
table
de
multiplication
par
coeur,
encore
moins
le
reflet
de
ces
douteux
tests
psychométriques
nommés
QI
fort
appréciés
de
notre
modernité,
disons
qu’elle
s’apparente
plutôt
à
un
état
:
l’état
de
l’humain
qui
sait
raisonnablement
et
qui
reconnaît
quelque
chose
faisant
écho
à
un
vécu,
une
souvenance,
une
intuition,
une
vision,
un
ressenti,
un
sentiment,
pourquoi pas une méditation ou une contemplation.
La
connaissance
peut
donc
être
plus
complexe
que
l’acquis,
elle
n’est
pas
forcément
l’éducation
ni
l’érudition,
elle
entretient
néanmoins
des
liens
avec
la
cognition,
la
compréhension,
le
discernement,
l’entendement,
l’expérience,
l’intellection,
la
notion,
la
science,
la
conception
et
bien
sûr
la
conscience.
La
connaissance
dote
la
réalité
de
reliefs
multiples
convoquant
des
états
de
conscience
pluriels
que
chacun
active
à
son
gré
en
fonction
de
ce
qu'il
est,
de
qui
il
est,
mais
aussi
de
la
qualité
d’attention
qu’il
choisit
d’accorder
aux
êtres
et
aux
choses.
En
prononçant
tout
haut
ce
mot,
nous
identifions
le
préfixe
co
(et
ses
variantes
con
et
com)
venant
de
la
préposition
latine
«
cum
»
signifiant
«
avec
»,
de
sorte
que
la
connaissance
émerge
avec
la
naissance
:
elle
n’est
donc
pas
une
opinion,
elle
est
plus
universelle
et
plus
originelle
que
cela
…
Tout
un
programme !
La
connaissance
est
un
état
et
une
naissance,
elle
est
donc
un
«
état
naissant
»
qui,
comme
son
nom
l’indique,
désigne
la
fin
de
quelque
chose
et
le
début
d’autre
chose.
En
raison
de
cet
«
état
naissant
»,
un
lien
peut
être
fait
avec
l’amour
dont
le
chercheur
en
sociopsychologie
italien
Francesco
Alberoni,
nous
dit
qu’il
est
l'état
de
grâce
naissant
d'un
mouvement
collectif
à
deux,
moment
où
surgit
un
nous
collectif
et
social.
L’amour
baigne
dans
une
grâce,
or,
notons
que
ce
mot
grâce
nous
vient
du
latin
«gratia»
signifiant
(re)connaissance…
Résonance
étrange
où
la
grâce
fait
la
reliance
entre
amour
et
connaissance
!
Amour
et
connaissance
ne
seraient-ils
pas
des
parents
proches,
du
moins
pas
si
étrangers
l’un
de
l’autre
?
On
comprend
alors
pourquoi
chacun
d’entre
nous
sent
confusément
que
la
connaissance
est
toujours
plus
que
le
savoir
encyclopédique, plus que l’intellect pétri de culture savante.
L’amour
est
un
état
de
grâce
dit
Alberoni
et
la
grâce
une
(re)connaissance.
Quant
à
la
connaissance,
elle
est
un
état
naissant
semblable
à
l’amour
entouré
de
sa
grâce.
Aussi,
il
est
probable
que
lorsque
l’amour
entre
deux
êtres
disparaît,
un
pan
de
la
connaissance
se
désunit,
meurt
puis
se
fige,
retournant
alors
à
la
dualité
et
au
séparatisme.
C’est
alors
que
les
oppositions
recommencent
:
la
raison
se
dresse
contre
le
coeur,
la
logique
contre
l’intuition,
toutes
ces
fractures
étant
à
l’image
de
notre
condition
humaine
imparfaite
et
souvent
affreuse.
Amour
et
connaissance
sont
solidaires
par
leurs
«
états
naissants
»
pris
dans
un
jeu
de
miroir.
Une
conscience
claire
du
lien
unissant
ces
deux
états
produit
chez
un
être
ou
une
société
un
dépassement
naturel
des
clivages.
La
désynchronisation
de
ces
deux
états
naissants
est
source
de
fractures
personnelles,
condamnant
par
la
même
occasion
la
conscience
collective
et
le
corps
social
à
n’enfanter
que
des
paradigmes
calqués
sur
la
dualité,
c’est-à-dire
sur
les
oppositions
ainsi
que
le
doute
qui
est,
hélas,
livré
avec.
C’est
là
ce
qui
distingue
catégoriquement
le
savoir
de
la
connaissance,
car
si
le
savoir peut produire du doute en raison des oppositions dans lesquelles il baigne, la connaissance jamais.
©
On ne badine pas avec...
Tout
être
sujet
au
doute
chronique
dans
sa
vie
personnelle,
de
même
que
toute
société
en
proie
aux
conflits
répétés,
ne
peut
espérer
trouver
une
solution
qu’en
redonnant
un
peu
plus
de
place
à
la
connaissance,
qui
elle-même
réactive
l’élan
de
l’amour,
et
inversement.
Bien
des
solutions
à
nos
vicissitudes
se
trouvent
dans
cette
danse
perpétuelle entre amour de la connaissance et connaissance de l’amour.
Oui,
je
pense
que
nos
connaissances
sont
à
l’image
de
la
place
que
nous
accordons
à
l’amour,
et
que
l’amour
est
lui-même
à
l’image
de
nos
connaissances.
Ces
états
naissants
forment
un
système
global
où
ce
qui
touche
l’un
touche
l’autre
en
même
temps,
et
toute
analyse
individuelle
ou
sociale
doit
tenir
compte
de
l’indissociabilité
de
ces
deux
états
naissants.
Je
crois
aussi
qu’on
ne
badine
pas
plus
avec
la
connaissance
qu’on
ne
badine
avec
l’amour,
«…mais
il
y
a
au
monde
une
chose
sainte
et
sublime,
c'est
l'union
de
deux
de
ces
êtres
si
imparfaits
et
si
affreux.
On
est
souvent
trompé
en
amour,
souvent
blessé
et
souvent
malheureux;
mais
on
aime,
et
quand
on
est
sur
le
bord
de
sa
tombe,
on
se
retourne
pour
regarder
en
arrière
et
on
se
dit
:
j'ai
souffert
souvent,
je
me
suis
trompé
quelquefois, mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui.»
Alfred de Musset (Extrait - On ne badine pas avec l’amour)
Nombre de pages : 1
Parution : juin 2016
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