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Vers une sociologie des dimensions
COIN LECTURE
Les
personnes
qui
s’intéressent
au
paranormal
ne
raffolent
pas
des
sociologues.
Pourquoi
?
Parce
que
ceux-ci
trouvent
toujours
une
explication
aux
phénomènes
paranormaux
à
partir
de
présupposés
relevant
de
l’hallucination,
des
légendes
sociales,
des
superstitions,
de
l’inconscient
collectif,
etc.
Très
souvent,
ils
s’approprient
le
fait
vécu
et
relaté
par
un
témoin
(par
exemple,
une
observation
ou
une
rencontre
avec
une
présence
non
terrestre)
en
procédant
à
une
interprétation
psychologisante.
Par
habitude
et
par
formation,
il
est
vrai
qu’un
sociologue
aura
tendance
à
ranger
les
sujets
dits
«
paranormaux
»
dans
un
placard
comprenant
4
tiroirs
explicatifs
:
celui
des
légendes,
celui
de
la
superstition,
celui
de
l’ésotérisme
et
celui
du
rationalisme
critique.
Légendes,
rumeurs,
mythes,
croyances,
peurs
ou
irrationalité suffiraient-ils à expliquer ces phénomènes ? Parfois, oui ! Toujours, non !
Quel
que
soit
le
tiroir
explicatif
sollicité,
les
analyses
réalisées
décrédibilisent
les
phénomènes,
leur
enlevant
une
part
de
leur
matérialité,
de
leur
densité,
laissant
entendre
qu’ils
ne
sont
finalement
pas
si
réels
que
cela.
Au
final,
les
témoins
de
ces
phénomènes
et
plus
largement
ceux
qui
s’y
intéressent
même
s’ils
ne
sont
pas
témoins,
se
sentent
déconsidérés,
voire
trompés.
En
effet,
il
ressort
de
ces
analyses
sociales
que
celui
ayant
vu
un
vaisseau
au
dessus
de
sa
maison
a
probablement
été
l’objet
d’une
hallucination
individuelle
ou
collective,
que
le
village
hanté
ne
l’est
qu’en
raison
d’une
légende
locale
ou
d’une
rumeur
persistante,
quant
aux
scientifiques
intéressés
par
exemple
par
la
télépathie
ou
les
phénomènes
de
décorporation,
ils
sont
automatiquement
relégués
dans
la
«
sous
catégorie
»
des
pseudoscientifiques
ou
des
parascientifiques, même s’ils ont bac plus 99. Et, lorsque cela n’est pas clairement dit, le sous-entendu est sans équivoque.
Donc,
comment
ne
pas
s’irriter
d’un
tel
systématisme
?
La
psyché
a
beau
jeu,
puisque
tout
phénomène
paranormal
est
rapporté
dans
sa
périphérie,
et
que
ce
qui
est
vu
ou
vécu
par
le
témoin
s’explique
ainsi
en
fonction
des
faiblesses
de
la
nature
humaine,
de
ses
fébrilités
ou
des
expressions
de
son
inconscient.
Comment
se
contenter
du
confort
intellectuel
consistant
à
faire
entrer
un
sujet
paranormal
dans
l’espace
de
l’un
des
quatre
tiroirs,
puis
de
juger
l’affaire
classée
?
Aujourd’hui
le
paradoxe
est
le
suivant
:
pendant
que
les
observateurs
sociaux
se
recroquevillent
en
trémoussant
leur
mental
au
rythme
de
«
la
danse
des
tiroirs
»,
il
y
a
de
plus
en
plus
de
personnes
sensées
et
cultivées
qui
s’intéressent
et
s’engagent
dans
une
recherche
paranormale
(théorique
et/ou
de
terrain)
que
la
sociologie
n’intègre
pas
autrement
que
de
façon
critique.
Bien
que
sociologue
moi-même,
je
comprends
cet
agacement
que
l’on
peut
ressentir
à
l’égard
d’une
discipline
qui
«
peut
mieux
faire
»,
comme
on
disait
sur
nos
carnets
d’école.
Et
elle
fera
mieux,
en
tout
cas
je
l’espère
et
le
crois
volontiers,
en
attendant,
reconnaissons que les obstacles sont nombreux et les préjugés tenaces.
C’est
ainsi
que
des
sujets
comme
l’astrologie,
les
orbes,
la
transcommunication
instrumentale
ou
l’ufologie
et
d’autres
en
marge
des
préoccupations
du
savant,
sont
automatiquement
déclassés
par
le
sociologue.
Ce
qu’il
faut
bien
comprendre,
c’est
qu’en
opérant
de
la
sorte
ce
dernier
ne
fait
qu’appliquer
ce
qu’il
a
lui-même
appris
pendant
ses
longues
années
de
formation
où
il
lui
est
répété
que
sa
préoccupation
majeure
doit
être
de
proposer
une
démarche
rigoureuse,
fidèle
à
un
protocole
calqué
sur
celui
des
sciences
objectives.
Cette
idée
tourne
en
boucle
durant
tout
son
apprentissage,
elle
est
en
quelque
sorte
le
mantra
qu’il
récite
dans
sa
tête,
celui
qu’il
ne
doit
jamais
oublier…
Preuve
que
les
formules
et
les
incantations
existent
partout,
même
en
sciences
!
Impossible
d’écarter
cette
règle
d’or
faisant
partie
du
manuel
du
bon
sociologue
en
formation,
d’ailleurs,
ne
pas
tenir
compte
de
cette
règle
de
base
c’est
pour
lui,
d’une
part
la
garantie
de
ne
pas
avoir
ses
examens, d’autre part s’engager sur une voie non déontologique.
Nombre de pages : 6
Parution : hiver 2017
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