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A quoi sert un sociologue ?
COIN LECTURE
Nombre de pages : 8
Parution : avril 2018
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Je
souhaiterais
ici
parler
de
l’angle
de
vue
spécifique
de
la
sociologie,
parce
que
je
me
rends
compte
qu’elle
est
mal
comprise,
que
les
gens
sont
peu
familiarisés
avec
les
angles
de
vue
et
de
réflexion
qu’elle
propose.
D’abord,
je
note
qu’on
la
confond
avec
la
psychologie,
alors
que
nous
sommes
en
présence
de
deux
disciplines
assez
opposées
dans
leur
façon
de
diriger
le
regard
et
l’attention,
ce
qui
les
rend
d’ailleurs
complémentaires.
Parfois
on
l’assimile
à
l’Histoire,
alors
que
la
perspective
de
la
sociologie
n’est
ni
chronologique
ni
événementielle,
puis
avec
la
philosophie
et
même
avec
le
journalisme.
Cet
article
est
l’occasion
d’amener
quelques
éclaircissements,
afin
que
chacun
comprenne
quelles sont les perspectives de cette discipline.
Le
chemin
de
vie
de
chacun
est
parsemé
de
rencontres
et
d’expériences
dont
nous
sortons
souvent
différents.
D’osmoses
en
divergences
de
vues,
les
corps
autant
que
les
avis
humains
s’échangent
et
se
confrontent,
les
valeurs
culturelles
et
les
éducations
s’entrechoquent
pour
le
meilleur,
parfois
pour
le
pire,
créant
des
amitiés
et
des
inimitiés.
Quant
aux
ego,
ils
se
blessent
mutuellement
en
se
frottant
les
uns
aux
autres.
De
nos
interactions
humaines
naissent
la
compréhension,
la
solidarité,
voire
l’amour,
mais
aussi
les
germes
de
la
dissension
pouvant
conduire
deux
personnes
ou
deux
cultures
différentes
à
ne
pas
se
comprendre,
puis
à
s’éloigner
en
raison
de
cela.
Je
me
rends
compte
que
la
plupart
du
temps
personne
n’a
tort
ou
raison,
car
tout
est
question
d’angle
de
vue,
et
ce
sont
ces derniers qui créent fréquemment nos accords et nos désaccords.
Perspective première : les formes de sociabilités
Comme
je
le
répète
souvent
à
qui
veut
bien
l’entendre,
gérer
les
relations
humaines
est
un
art
périlleux,
éminemment
complexe,
parce
que
nos
sensibilités
respectives
sont
prises
dans
un
jeu
physique
d’attraction,
de
contact
et
de
répulsion,
et
que
tout
peut
aller
dans
un
sens
ou
un
autre
à
n’importe
quel
instant.
Cette
irrésistible
marche
qui
nous
conduit
vers
un
autre
être
humain,
bien
que
naturelle
et
instinctive,
ressemble
parfois
à
la
traversée
d’un
champ
de
mines.
Chaque
être,
mais
aussi
chaque
communauté
ou
culture
en
présence
incarne
cette
mine
qui
reste
en
dormance
tant
qu’elle
n’est
pas
heurtée,
à
la
fois
fragile
et
sensible,
mais
pouvant
exploser
sous
le
poids
d’un piétinement voulu ou malencontreux de la part d’un autre être humain ou d’une autre communauté.
Pourtant,
aller
vers
autrui
fait
partie
de
l’instinct
de
groupe,
car
à
l’image
des
chiens
ou
des
loups
nous
vivons
en
meute,
en
bande,
en
communauté,
en
clan,
en
tribu,
en
horde.
Comme
les
abeilles
nous
vivons
en
essaim,
et
comme
les
fourmis
nous
organisons
rationnellement
l’être-ensemble
de
notre
multitude
humaine.
Peu
importe
la
métaphore
ou
la
façon
dont
nous
nommons
cette
aptitude
au
rassemblement
des
individus,
retenons
que
ce
sont
ces
divers
reliefs
du
rassemblement
qui
forment
l’objet
de
la
sociologie.
Cette
discipline
a
donc
pour
mission
d’étudier
les
logiques
communautaires
qui
font
de
nous
des
êtres
en
grappe
,
et
pas
seulement
des
consciences
indépendantes
les
unes
des
autres,
et
ce
phénomène
est
ce
qu’on
appelle
de
façon
large
et
générique
la
sociabilité
;
la
sociabilité est la capacité d'un individu ou d'un groupe d'individus à évoluer en société et à pénétrer de nouveaux réseaux sociaux.
En
sociologie,
les
psychismes
humains
s’unissent
en
bulles
collectives
à
dimensions
variables,
institutionnelles
ou
pas
:
par
exemple,
la
cellule
familiale,
la
région,
la
nation
et
l’ensemble
de
la
planète
constituent
des
sortes
d’agrégats
ayant
une
identité
propre.
Le
travail
du
sociologue
ne
consiste
pas
à
penser
l’individu
en
tant
que
psyché,
mais
à
repérer
et
analyser
comment
cette
psyché
interagit
avec
ces
bulles
collectives
omniprésentes,
comment
celles-ci
modèlent
et
déterminent
une
partie
de
son
comportement,
même
si
l’individu
n’a
pas forcément conscience de l'importance de ces bulles.