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Perspective seconde : conscience collective et Noosphère
À
une
échelle
plus
subtile,
moins
institutionnelle,
ce
ne
sont
pas
que
les
individus
physiques
qui
sont
poussés
les
uns
vers
les
autres,
mais
également
les
consciences
intriquées
formant
ce
qu’on
appelle
la
conscience
collective.
Qu’est-ce
que
cela
signifie
?
Qu’une
société,
une
nation,
un
groupe
forment
une
entité
se
comportant
comme
un
individu
global,
même
si
cela
reste
invisible
pour
les
yeux,
dirais-je
en
reprenant
la
célèbre
phrase
du
Petit
Prince
:
«
On
ne
voit
bien
qu'avec
le
coeur.
L'essentiel
est
invisible
pour les yeux... »,
affirmait-il !
Toute
proportion
gardée,
cette
phrase
fait
également
sens
lorsqu’on
parle
de
conscience
collective
aux
contours
invisibles
pour
nos
yeux.
Or,
la
mission
subtile,
voire
spirituelle
de
l’observateur
social,
consiste
aussi
à
repérer
sans
les
yeux,
mais
en
rassemblant
des
indices
selon
une
méthodologie
précise,
ce
corps
collectif
surplombant
et
ensemençant
les
parties
individuelles
que
nous
sommes.
Oui,
nous
sommes
plus
que
ce
que
nous
croyons
être
individuellement,
car
nous
sommes
à
la
fois
un
et
plusieurs,
telle
une
superposition d’états conscients où le je et le nous s’enchevêtrent.
Certes,
chacun
posséde
une
identité
propre,
une
psyché
unique
et
on
cherche
à
se
distinguer
du
voisin
;
après
tout,
pourquoi
pas,
tout
ceci
fait
sens
!
La
concurrence
économique,
l’ascension
professionnelle,
les
informations
produites
par
les
médias,
l’éducation,
la
compétition,
la
quête
de
la
perfection
physique,
celle
de
la
mode
vestimentaire,
etc.
tout
cela
exacerbe
l’ego
sommeillant
en
nous,
c’est-à-dire
la
représentation
et
la
conscience
que
l'on
a
de
soi-même.
De
sorte
que
l’on
oublie
un
peu
vite
que
la
conscience
collective
participe
à
la
construction
de
ce
que
notre
quotidien
et
de
nos
sociétés,
car
elle
est,
d’une
certaine
façon,
l’invisible
maître
d’un
jeu
dont
nous
sommes
les
acteurs
inconscients
de
l’être.
On
peut
bien
la
nier,
on
peut
ne
pas
la
comprendre
ou
ne
jamais
y
penser,
mais
il
est
impossible
de
s’en
émanciper,
car,
je
le
répète,
nous
sommes
aussi
les
parties
activées
et
activantes
d’une
conscience collective.
À
sa
façon,
la
sociologie
est
là
pour
nous
le
rappeler,
car
il
n’est
plus
à
prouver
combien
nos
comportements,
nos
goûts,
nos
idées
sont
en
partie
explicables
et
façonnés
par
notre
appartenance
sociale,
nos
cultures,
nos
habitudes,
notre
généalogie,
nos
paradigmes,
notre
civilisation,
etc.
Qu’est-ce
que
cela
veut
dire
?
Que
nous
demeurons
(consciemment
ou
inconsciemment)
connectés
en
permanence
à
d’autres
informations
collectives
qui
dépassent
largement
l’idée
que
nous
nous
faisons
de
nous-mêmes
en
tant
que
personnes.
Je
n’hésite
pas
à
dire
que
les
plus
grands
pouvoirs
sont
contenus
dans
cette
puissance
collective,
et
que,
si
nous
ne
nous
en
servons
pas
nous-mêmes,
pour
notre
bien-être
communautaire,
d’autres
le
font
à
notre
place
pour
leurs
propres
intérêts.
Nous
gagnerions
à
identifier
cette
puissance
collective
en
nous
et
autour
de
nous,
à
accepter
sa
présence
comme
quelque
chose
venant
compléter
et
nous
unir
à
ce
«
que
»
et
«
qui
»
nous
sommes
individuellement.
Autrement
dit,
prenons
rendez-vous
avec
l’être
collectif
qui
nous
habite
par-delà
notre
identité
et
notre
personnalité,
sachant
que
cette
rencontre
ne
se
fait
pas
dans
le
mental,
mais
dans
une
«
autre
partie
»
de
ce
que
nous
sommes
et
que
chacun
nommera
comme
il
veut.
Parvenu
dans
cette
«
autre
partie
»
de
nous,
ressentons
combien
la
conscience
collective
œuvre
activement
à
l’évolution
et
à
l’organisation
de
nos
sociétés,
car
elle
n’est
pas
un
agrégat
mou de parties de nous-mêmes, mais au contraire une arme de partage massif, bienveillant ou non, selon ce que nous en faisons.
Dans
sa
partie
lumineuse,
elle
est
une
arme
de
solidarité,
de
partage,
de
compassion,
de
connexion
au
vivant
et
de
spiritualité
communautaire.
Dans
sa
partie
obscure
et
manipulatoire,
elle
est
l’outil
privilégié
d’individus
qui
détournent
cette
puissance
collective
pour
leur
propre
intérêt
ou
leur
propre
folie
:
elle
devient
alors
une
arme
de
destruction
massive.
Bref,
reconnaissons
sa
présence
et
sa
puissance,
puis
voyons
ce
que
nous
pouvons
en
faire
de
meilleur,
plutôt
que
de
la
laisser
entre
les
mains
de
tyrans
de
tout poil ou de lobbyistes peu scrupuleux influant sur les décisions politiques pour leur propre bénéfice.
Ce sont tous les êtres réunis sur la planète Terre (et pas que les humains), quelles que soient leur religion, leur couleur de peau, leur
façon de raisonner, qui résonnent avec la conscience collective. Les consciences individuelles sont les parties infinitésimales d’un
collectif qui les surplombe. Nos vies individuelles et mortelles sont les fugaces impulsions d’un grand corps conscient que nos
pensées et actions sous-tendent, et inversement.