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S me donnait à lire son ouvrage à paraître. Son texte relate les aventures peu banales d’une extrasensorielle et abductée (enlevée-approchée par des E.T) , dont la est vie ponctuée de phénomènes non ordinaires, dits paranormaux et de synchronicités. Je note que S vit de façon récurrente d’étranges phénomènes qui vont de l’empathie à la prémonition, en passant par ce qui ressemble à des sorties du corps ainsi que des contacts divers et variés avec des présences non humaines, délivrant ou non des messages. Son ouvrage palpitant en forme d’histoire de vie parle de ses expériences vécues dans l’immédiateté de sa chair et de ses émotions, et au sujet desquelles S cherche une explication. Après lecture de son ouvrage, je lui propose d’écrire un texte amenant un regard sociologique sur ses récits, c’est-à-dire impliquant tous les étirements possibles dont je parlais plus haut. Le but est de proposer à S un éclairage sociétal, ce qu’elle vit est le reflet des tensions sensibles de notre époque... et inversement... selon une loi de résonance entre conscience individuelle et conscience collective. Dans mon analyse, je lui explique que les expérienceurs de paranormal comme elle, mais également les chercheurs en parasciences, jouent le même rôle sociétal, sauf que les premiers ont tendance à les vivre tandis les second cherchent à les expliquer... Même si les uns et les autres peuvent être simultanément expérienceurs et chercheurs. Leur point commun est de contribuer ensemble à ouvrir la raison humaine à d’autres possibles, et cette ouverture cognitive conduit notre postmodernité bien au-delà des savoirs dormants de nos bibliothèques laïques ou sacrées. Les phénomènes paranormaux constituent une autre façon de poser les questions autour de la conscience, et donc d’obtenir en retour des réponses en ce qui concerne l’idée que nous nous faisons du réel. Or, leurs représentants, qu'ils soient expérienceurs et chercheurs, mettent en scène ce nouveau jeu de questions-réponses. Bref, je fais comprendre à S qu’elle participe avec d’autres au changement de paradigme, c’est-à-dire de modélisation du monde. Les phénomènes qu’elle vit sont des indices de ce changement, ces indices s’habillent chez les uns et les autres différemment, ils changent de costumes, mais c’est souvent la même pièce qui se joue. Ce changement de paradigme fait germer les millions de faits inexpliqués s’incarnant aussi bien chez S que d’autres personnes et, inversement, ce que disent les témoins et chercheurs du paranormal nourrit et accélère ce changement. Par conséquent, celui qui raconte son expérience avec des guides, des E.T, des médecins ou des vétérinaires du ciel, des anges, des élémentaux, des fantômes, etc. met en scène et donne vie à ce changement. La sociologie telle que je la conçois, sert à expliquer cette grande pièce de théâtre planétaire qui est le creuset d’échanges permanents entre les personnes individuelles et la conscience collective, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, entre l’incarné (individu) et le désincarné (collectif). Ainsi, le texte que je transmets à S tend-il à désindividualiser son récit pour l’amener ailleurs, étant entendu que cet ailleurs sociétal reste néanmoins une partie de S, une autre de ses dimensions pourrions-nous dire. En même temps, je comprends que la désindividualisation de l'expérience de S puisse être ressentie comme éloignée de ce que S vit dans sa chair et sa spiritualité, pourtant ce sont pour moi les faces d’une même pièce. Après lecture de mon texte, S me fait un retour, et je sens bien qu’à la fois elle comprend cet étirement et l’interprétation sociologique qui est faite, mais qu' elle demeure un peu déconcertée, éprouvant un peu de mal à comprendre comment ce que je formule sociologiquement découle de qu’elle a dit. Parce que S parvient à déplacer son angle de vue, parce qu’elle ne résiste ni ne refoule cet autre angle de vue différent de son vécu, elle comprend que nos visions sont au final plus complémentaires que décalées, et que tout n’est qu’un réglage de l’angle focal par lequel on observe l’expérience. D'ailleurs, lorsqu’elle-même effectue des sorties hors du corps volontaires ou involontaires, n’est-elle pas impliquée comme moi dans un Effet de surplomb non pas sociologique, mais (extra)sensoriel ? A cet instant précis, n’acquiert-elle pas, elle aussi, une autre vision du monde et de ses logiques ? .