fanatisme. Cela étant dit, tout germe de fanatisme ne débouche fort heureusement pas sur la cruauté, le meurtre, la torture ou la mort. Et, ce qui fait que le germe de fanatisme entre ou non dans le sillon de la barbarie, c’est justement la conscience. Parfois, la barbarie prend le visage de la sacro-sainte tradition au nom de laquelle on commet des horreurs dans tous les continents, c’est aussi celle que l’on justifie au nom de coutumes locales ou bien celles qui sont liées à des rites sacrificiels que l’on autorise par habitude, évitant de s’interroger sur la valeur et le sens de la vie. Bref, on la retrouve au carrefour de diverses maltraitances dont certaines débouchent sur la torture, voire sur la mort d’un être vivant, humain ou animal, d’une façon ou d’une autre. La plupart du temps la barbarie est groupale, bien que, dans le cas du sérial killer ou du meurtrier isolé, elle soit plus individualisée. Elle se fédère souvent autour d’une pratique et de rites comme dans le satanisme sectaire, et est surplombée par une structure conçue pour mettre en scène l’épouvante selon un scénario précis : c’est le "carreras el campos" pour les galgueros… C’est "Daesh" pour les groupuscules fanatiques musulmans… C’est l’ "aktion reinhard" c’est-à-dire l’opération d’extermination débouchant sur les camps de travail-concentration des nazis… Et ainsi de suite, car il y aurait d’autres exemples possibles. Tous les fanatismes ne sont donc pas religieux. Ils peuvent être politiques, cela s’appelle alors la dictature. Mais ils peuvent aussi être issus du monde de la finance, à partir du moment les principes moraux de nos démocraties s’éclipsent face aux despotismes d’une finance faisant la pluie et le beau temps, et que la survie physique ou morale des peuples en dépend. N’oublions pas que, « Selon ses calculs, réalisés à partir de données fournies par le Crédit Suisse, la richesse cumulée des 1 % les plus riches de la planète dépassera bientôt celle détenue par les 99 % restants. » (Article, le Monde, 2015/01/19 Les plus riches posséderont bientôt la moitié de la richesse mondiale )… Tandis qu’une personne sur neuf souffre aujourd’hui de la faim dans le monde (Cf, programme alimentaire mondial, ‘Faits et chiffres sur la faim’, wfp.org/fr).
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Toutes ces formes de fanatisme ont en commun le fait de n’accorder aucune, ou très peu de place, au principe de vie et de compassion ; la compassion ne renvoyant pas à « idéaliste» ou « gentil », mais à l’idée de partager la souffrance d’autrui au moyen de l’intuition ou de la connaissance. La compassion est un partage de conscience, elle n’est en aucune façon un apitoiement sensible, mais un outil cognitif, au même titre que l’est le mental. En d’autres termes, nous accédons à l’information et à la connaissance, tant par les aptitudes du mental que par celles de la compassion. Mental et compassion nous détournent conjointement de l’ignorance par des voies différentes, ce sont des vecteurs majeurs et indissociables de la connaissance, d’ailleurs, on sait que les deux ont leur place d’un point de vue neurologique dans le cerveau. S’amputer de la compassion, c’est être réduit dans la plénitude de ses fonctions d’être humain, c’est être amputé de la faculté de connaître et de ressentir. On sait que des psychopathologies sont marquées par l’absence de compassion et d’empathie, d’ailleurs les criminels en sont souvent relativement dépourvus ce qui explique leur manque de compréhension des souffrances de leurs victimes. Dans le cadre de la santé mentale, les psychiatres et psychologues s’interrogent de plus en plus sur les mécanismes neuronaux impliqués dans le traitement des informations émotionnelles. Idem pour les neurosciences, dont l'étude des mécanismes cérébraux de l'empathie et de la compassion est actuellement au coeur des recherches (par exemple, Cf Conférence de Luis Garcia-Larrea, centre de recherche en neurosciences de Lyon, 2015 - Ma douleur et celle de l’autre : pour une physiologie de la compassion). L’absence de compassion pourrait être, dans une certaine mesure, une pathologie que certaines pratiques ou traditions nourrissent et entretiennent ; les exemples que j’ai pris en font partie. Dans le cas de Daesh, la tentative d’éradiquer ce qui est perçu internationalement comme une pathologie du corps social est déjà en action. Quant aux moyens de l’éradiquer, la question reste ouverte, néanmoins la prise de conscience est là. En ce qui concerne la pathologie en jeu autour des tueries et tortures découlant de l’exploitation macabre des chasses "carreras el campos", la prise de conscience est laborieuse, car les institutionnels continuent de tourner la tête face à cette salissure de l’âme animale, tandis que la liste des victimes de ces carnages s’allonge impitoyablement.
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